Social-intermittents du spectacle
Les mariés de la colère

Les intermittents ont manifesté hier après midi devant le siège local du Medef place Mazelle à Metz. Ils ont mimé un mariage qu'ils dénoncent

La mariée est en robe blanche affublée d'une perruque verte. Elle incarne la CFDT. A ses côtés, le marié est plus classique. Il porte un chapeau melon, un costume sombre sur une chemise blanche révélant un ventre proéminent, signe d'opulence. Il représente le Medef, comme indiqué sur les pancartes qu'il porte autour du cou. Le curé en soutane célèbre une union dénoncée par la base. Une parodie de mariage mise en scène par le collectif des professionnels du spectacle et de l'audiovisuel de Lorraine. Hier après midi, plus d'une centaine d'intermittents, la plupart habillés en noir, se sont réunis devant le siège du Medef, place Mazelle. Dans le cadre de la journée nationale d'action, ils ont manifesté leur opposition à l'accord du 27 juin. Ce protocole, signé entre le Medef, la CFDT, la CFTC et la CGC, "syndicats minoritaires représentant moins de 3% des intermittents> selon le collectif, était examiné hier par le conseil supérieur de l'emploi. "S'il est validé, c'est la mort d'au moins 40% d'entre nous. Il s'agit des plus petits, ceux qui font la création artistique et ce sera la mort de la diversité culturelle> insiste Aurélia, technicienne du spectacle et membre du collectif. Cet accord entraîne la diminution des indemnités des intermittents et la justification de 507 heures de travail en dix mois, au lieu de douze mois, comme c'était le cas auparavant.

Les intermittents exigent une renégociation de cet accord et sont bien décidés à se faire entendre. Les slogans sur les pancartes donnent le ton: "culture en danger>, "en voie de disparition> ou encore "mort du spectacle vivant>. Des tracts ont été distribués aux automobilistes, dont certains klaxonnaient en signe de soutien. D'autres affiches, placardées sur le bâtiment du Medef, visaient directement le ministre sur le mode: "Aillagon, Medef, fossoyeurs de la culture>. Sous le regard vigilant des CRS, l'ambiance était rythmée par les percussions, les applaudissements et quelques pas de danse. Trois représentants du collectif ont été reçus par le Medef pour un entretien d'une heure qui s'est conclu sur le désaccord persistant. Le cortège s'est ensuite dirigé vers la mairie, où le mariage a été une nouvelle fois célébré.



RL samedi 26 juillet 2003